Aux États-Unis, républicains et démocrates sont parvenus dans la nuit du dimanche 31 juillet au 1 août 2011, à trouver un accord pour éviter le défaut de paiement. Pour ce faire, le président Obama a dû mobiliser toute son énergie et celle de ces équipes afin qu'un tel compromis puisse être négocié avant la date butoir du 2 août 2011. L'occasion d'assister à une véritable campagne numérique et l'un des premiers grands tweetclash.
Internet et Twitter ont eu dans cet épisode une place particulièrement importante. Depuis le compte Twitter de Barack Obama, des tweets étaient en effet reçus par les quelques 9 millions de followers que compte Obama, incitant les citoyens à faire pression sur les sénateurs de leur Etat. En guise de réplique, les républicains ont proposé à leurs concitoyens de cesser de suivre le compte Twitter de Barack Obama.
Résultat : le Président américain a perdu quelques 35 000 abonnés à son compte, soit 0,38% de son nombre total de followers. En outre, comme l'a rappelé JB Soufron ( @soufron ) dans sa chronique sur FranceCulture ce lundi matin, la tendance s'est inversée dès dimanche puisque le président a gagné 11 000 nouveaux followers.
Cet événement n'est pas anodin et Henri Verdier a raison de dire sur son blog que Barack Obama donne le ton de la campagne 2012. L'évènement n'est pas anodin par l'ampleur de l'impact qu'il a eu mais également par l'esprit très citoyen et démocratique qui a permis à cette démarche d'être relayée.
L'ampleur tout d'abord :
- ce sont près de 36 millions de personnes qui ont vu le hashtag #compromise (le hashtag est une sorte de mot clé sur twitter, devant lequel on appose le symbole dièse #) utilisé dans les tweets présidentiels, écrits par son équipe numérique (les tweets du présidents partent du même compte mais sont signés "BA") ;
- l'érosion du nombre de followers de Barack Obama n'aura été que de très courte durée (2 jours) et tout à fait marginale : 0,38% du total, ce qui n'a pourtant pas empêché certains républicains de faire les gorges chaudes et de crier au désamour, voire à la débacle.
L'esprit ensuite (et surtout) :
- le président, à travers les tweets envoyés de son compte, s'est directement adressé aux citoyens en leur demandant d'agir. Voila une démarche qui mérite d'être saluée pour son sens démocratique. Les citoyens en question étaient libres de retweeter les messages d'Obama, d'interpeler leur sénateur, de ne rien faire, de répondre au président, voire de cesser de le suivre. Les citoyens ont ainsi pu s'exprimer en temps réel et contribuer à l'action politique ;
- républicains et démocrates jouent à armes égales sur Twitter : tweet contre tweet, argumentation contre argumentation : les citoyens assistent et réagissent, ils peuvent tous contribuer au débat politique ;
- tous les sénateurs semblent avoir un compte Twitter. Les élus dialoguent avec les citoyens au quotidien et non tous les 6 ans pendant les campagnes électorales.
La classe politique américaine, critiquée dans la gestion de cette crise de la dette, sort au moins grandie de ce constat : elle n'a pas eu peur de la démocratie renouvelée par l'ère numérique. Les affrontements / débats / discussions sont rendus publics et contributifs via les réseaux sociaux.
Evidemment en creux, notre classe politique apparaît bien arriérée. Détester l'internet et les réseaux sociaux pour les femmes et les hommes politiques, c'est soit avoir une méfiance énorme envers la démocratie, soit n'avoir rien compris à ce qu'apporte internet à l'exercice de la citoyenneté. Une réalité que les élus, s'ils ne la comprennent pas aujourd'hui, leur sera préjudiciable demain.
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