Le THD, c'est l'acronyme fréquemment utilisé pour désigner les réseaux et/ou les connexions "très haut débit". Les technologies concernées sont essentiellement :
- la fibre optique (qui tend à remplacer les réseaux en cuivre) pour ce qui est des connexions filaires,
- la 4G pour les connexions sans fil.
Les tenants d'un déploiement rapide et de grande ampleur du THD en France mettent en avant la puissance de ces nouvelles technologies qui permettent d'avoir des débits descendants (pour réceptionner des données sur son ordinateur) et ascendants (lorsque l'on envoie des données, que l'on poste des vidéos, etc) jusqu'à présent inégalables. Les contenus et les usages associés au THD (médecine de pointe et à distance, communications vidéos, enseignement à distance, ainsi que de nombreux services qui feront leur apparition dans les prochains mois et prochaines années) doivent pouvoir se développer facilement et rapidement en France, puis s'exporter à l'étranger. En outre, ces services sont marqués par une forte valeur ajoutée produite. Enfin, les emplois créés pour installer la fibre dans les tuyaux du sous-sol français sont des emplois difficilement délocalisables.
Bref, le TDH, c'est tout bénef pour les Français et leur économie.
Alors voila, pour l'instant en France, les foyers connectés au très haut débit sont moins de 100 000. A titre de comparaison au Japon ils sont 20 millions. Toutefois, l'Elysée et Matignon veulent rattraper ce retard et atteindre 70% de foyers reliés à des réseaux THD d'ici 2020. Bon, mais comment fait-on ? Et qui paye ?
Sur le comment fait-on, un consensus découpe la France en 3 grandes zones, des plus peuplées, où il est rentable d'installer de la fibre, aux "zones blanches" qui sont très peu denses et pas rentables au regard des investissements lourds à réaliser. Le privé trouvera son intérêt à agir dans le premier cas de figure. Dans les deux autres, des partenariats entre le public et le privé doivent permettre de ne laisser, à terme, personne sur le bord de l'autoroute numérique.
Qui paye ? Là, c'est toujours plus problématique : c'est généralement le moment où l'on doit s'absenter, où l'on reçoit un coup de fil important, etc.
Pour les zones rentables, les investissements seront réalisés par les opérateurs sans difficulté. Pour le reste, l'Etat devra mettre la main à sa poche crevée. Outre les 2 milliards d'euros prévus dans le grand emprunt pour déployer le THD, on recherche actuellement des moyens d'alimenter un fonds destiné à développer les réseaux. C'est à ces problématiques que le rapport du sénateur Maurey, remis mardi 26 octobre au Premier Ministre, apporte des éléments de réponses. Deux taxes sont notamment proposées : l'une sur les abonnements internet (75 centimes) et l'autre sur le prix des téléviseurs et consoles de jeux (2% du prix de vente).
Ces propositions seront discutées, confrontées à d'autres, retouchées, appliquées ou enterrées. Elles ont le mérite d'exister. Toutefois, une réflexion semble nécessaire sur une taxe adossée au volume de données utilisé (proportionnelle / par pallier / prix plancher - prix plafond, etc). Le rapport balaye trop rapidement ces pistes, estimant d'une part que l'idée d'une taxe proportionnée au volume des données envoyées ou reçues est incohérente avec un secteur dont les tarifications se font au forfait et d'autre part que dans le monde numérique règne le sacro-saint "l'internet illimité" qu'il ne serait question de remettre en cause. Ces mots résonnent comme une forme de renoncement à l'action publique.
Les autres pistes de financement non retenues (p.66 du rapport à P.73) sont peut-être écartées un peu vite.
Mis à part ces éléments sur les propositions de financement, le rapport contient des estimations intéressantes, notamment sur le coût du déploiement de la fibre (de 10 milliards d'euros pour 70% des foyers d'ici à 2020 jusqu'à 23,5 milliards pour couvrir 98% des foyers). Il rappelle enfin que l'accompagnement et la stimulation des usages, contenus et services seront des éléments de première importance dans les fruits que pourra tirer l'économie française en termes de croissance et d'emplois.
>> Article de Renaissance Numérique sur le rapport : cliquer ici
>> Rapport à télécharger sur le site du Gouvernement : cliquer ici
Illustration © Numérama
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